Dialogue entendu dans un musée d’Ariège :
– Le visiteur : « Oh ! ce tableau représentant un paysage vallonné, c’est vraiment pythagore ! »
– Le conservateur : « Monsieur, vous voulez dire pittoresque ? »
– Le visiteur : »Boh, pythagore ou pittoresque, c’est synagogue ! »
Voilà le genre de blagues que racontait Philippe. Il adorait manier le calembour et l’autodérision. Pas susceptible pour deux sous, il savait se moquer de lui-même et de son « pays ». En même temps, il défendait son Ariège natale avec force et conviction (même son vin !?) mais toujours avec humour quelles que soient les circonstances : dans la vie de tous les jours, dans son travail et au cours des 3e mi-temps.
Animateur infatigable, les réunions ou les repas avec et sans lui n’étaient pas les mêmes…
Dans son travail, il savait être sérieux sans se prendre au sérieux. Membre assidu et actif du Syndicat des Agents généraux Aviva, il s’avait s’investir pour la défense des intérêts de la profession et de ses collègues. Ses interventions, toujours courageuses, appuyées de sa voix de stentor, ne laissaient pas l’assistance indifférente, quelque soit l’interlocuteur.
Mais son domaine était les 3e mi-temps de rugby.
Son physique de pilier ou de 2e ligne (à l’ancienne), poste qu’il occupait tout au long de sa carrière (quelque fois n° 8 grâce à son sens du jeu) et notamment au Toulouse Université Club, laissait place après le match à une aisance verbale et une finesse d’esprit qui en déroutait plus d’un ! Musicien averti, il chantait juste… mais pas longtemps ! Sauf une fois, tout seul, à INVERCARGILL (GINGERBARKIL, heu….non HIVERKABILE… Il ne l’a jamais prononcé correctement ! En revanche, il savait dire Imanol HANIDORBAQUI), dans la cour de l’hôtel que nous partagions avec l’équipe nationale d’Écosse, il a chanté la Marseillaise accompagné par un authentique Pipper des Higtlands et sa cornemuse.
Claude, Michel, Christian, comment allons nous faire pour chanter HEGOAK ?
Et qui va nous raconter « le poulpe » ?
Quel bonheur d’avoir participé au voyage en Nouvelle Zélande avec lui, et de le savoir heureux d’avoir son fils à ses cotés, pour la Coupe du monde en 2011 !
Nous sommes allés ensemble pratiquement partout où se joue le rugby en France et en Europe, mais aussi dans le monde avec nos copains de l’association All Backs. Au cours d’une tournée de ces derniers au Venezuela, à Maracay exactement, il a laissé un souvenir impérissable, gagnant le surnom de « pelado con las gafas » !. En fait, nos adversaires nous regardaient nous échauffer avant le match, et ils avaient été surpris par son aisance à manier le ballon, malgré son physique imposant alors qu’il avait sur le nez ses lunettes… qu’il avait oublié d’enlever ! (Déjà à cette époque, il n’avait pas beaucoup de cheveux d’où la réflexion d’un supporter « cuidado al pelado con las gafas » – « Attention au chauve aux lunettes » – et le surnom lui est resté.)
Si vous vous perdez un jour en Espagne, allez dans un hôtel Parador de la part de Philippe NELKIN : vous serez bien reçu et sûrs de bien manger quoi qu’il arrive ! Épicurien voyageur, c’est en Espagne, dont il adorait le mode de vie, qu’il amenait son épouse, Lucie, pour de fréquentes escapades tendres et gourmandes. Lucie, à qui il laissait souvent l’initiative et les coudées franches en toutes circonstances. Il nous disait tout le temps : « Moi ça va toujours, et quand ça ne va pas, je laisse LUCIE FAIRE ! »
Aucun restaurant qui se respecte n’échappait à sa connaissance, et lorsque nous avions le bonheur de lui en faire découvrir un, il se demandait comment lui, gastronome averti, ne connaissait pas l’endroit…
Philippe, l’ami rugbyman, tennisman (avant), pétanqueur (maintenant) aimait les choses simples, était discret au possible mais tellement attachant que tout le monde recherchait sa compagnie. Un grand enfant, presque naïf et connu de tous : même les étoiles parlent de lui aujourd’hui… Il suffira donc, au prochain apéro d’EURORUGBY aux abords d’un stade, de lever les yeux vers le ciel car il ne serait pas étonnant qu’il écarte une ou deux étoiles pour nous faire un petit signe…
À Lucie, Valérie et Julien, sa famille et tous ses amis.
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